Suisse | Quo Vadis Helvetia ?
Entre rêves, soft power et réalité … la Suisse - post débâcle du Crédit Suisse - est déboussolée, vulnérable, sous-équipée ... Même le FT s'interroge sur la pérennité du modèle suisse, c'est dire !
Par Christopher CORDEY, fondateur de futuratinow un cabinet-conseil en IDEAtion, anticipation stratégique et accompagnement au changement | Membre de la commission économique de l'ARCAM | Initiateur de prosilience. | Co-auteur en 2014 avec Robert Salmon d’Heidi réveille-toi ! La Suisse est-elle tombée dans les pièges du succès ?
Faillite, début de la fin, république bananière, désolation, image écornée, rage, colère, perte de sens, illusion, déshonneur, sidération, banana confederation, chute, désastre, débâcle, complicité, panique, incapacité de la Suisse à anticiper (c’est pas nouveau), frappe terrifiante, tomber de son piédestal, crise identitaire, panique, onde de choc, état de droit bafoué, arrogance, dévastation, transgression, incompétence, ineptie, incurie stupéfiante, WEForumisation des élites destructrices, s’essuyer les pieds sur la plèbe, méthodes de cowboy, mise au pilori, effondrement, déconfiture,
Y’a le feu dans l’extincteur, CoCo, …
La Suisse déboussolée entre rêves, soft power et réalité … Et maintenant ?
Un sacré florilège de réactions en cette fin mars 2023 suite au rachat par l’UBS du Crédit Suisse (Le 9/11 suisse ?) alors que Présence Suisse s’emploie à promouvoir l’image de la Suisse à l’étranger et à mettre en œuvre la stratégie du Conseil fédéral en matière de communication internationale.
L’année dernière c’était à l’occasion de Dubai Expo 2022 avec le pavillon Suisse dont le slogan était « Le pavillon reflète la Suisse et sa diversité, qu'il s'agisse de paysages magnifiques, de projets innovants ou d'idées pour un avenir durable ». L’avenir durable du pays ?
Florilège de paroles libérées.
Les réactions suite au rachat du Crédit Suise par l’UBS n’ont pas manqués.
- La métaphore chinoise de Thierry Lombard, un ancien banquier genevois, qui dans un article du Le Temps, nous rappelait un proverbe chinois concernant la débâcle du Crédit Suisse "Le poisson pourrit toujours par la tête". Il prône des changements forts et rapides et d’investir dans l’avenir du pays (tiens tiens) …
- La certitude et le regret de Philippe Kenel, avocat fiscaliste, pour qui La Suisse a perdu son image de "pays de sécurité, fiabilité et compétence", allant même à regretter que "Ce qui ressort clairement avec cette affaire de Credit Suisse, c'est que la Suisse agit toujours au dernier moment. Il y a une incapacité de la Suisse à anticiper" (tiens tiens) alors que … Marc Chesney, professeur de finance à l'Université de Zurich et auteur du livre «La crise permanente», déclarait à moneyland.ch le 6 octobre 2022 dans un article Que se passerait-il si Crédit Suisse faisait faillite?: «La situation de Credit Suisse est catastrophique - sans la garantie de l’État, la banque serait probablement déjà en faillite».
- Le coup de gueule du professeur de droit Niggli de l’Université de Fribourg pour qui “La Suisse se transforme en une république bananière” (Vous avez bien lu… république bananière). Il critique, comme son collègue de Saint-Gall et le journaliste Jacques Pilet dans bon pour la tête, le fait que l'on invoque à nouveau l'état d'urgence dans le cadre de l'accord sur le Crédit Suisse - comme dans le cas des mesures Corona et des sanctions contre la Russie.
- L’opportunisme d’un banquier parisien cité dans le Canard Enchainé (22 mars) “C’est le début de la fin pour la place financière suisse”, à minima sa décrépitude que nous anticipions dès 2014 dans “Heidi réveille-toi ! La Suisse est-elle tombée dans les pièges du succès ?” . A lire le passage sur « Le secteur bancaire qu’y-a-t-il après le secret ? »
- L’analyse sans concession de Pierre-Alain Avoyer, expatrié depuis 40 ans et installé a Dubaï depuis 13 ans, pour qui le mal est bien plus profond et la situation très préoccupante. Ambiance sémantique ... « “Cette débâcle n’est que la pointe de l’immense iceberg de la mauvaise gouvernance du pays. Asile. Migrations. Politique de l’énergie. Politique des transports. Gaspillages gigantesques de l’argent public pour engraisser le complexe mediatico-culturel woke suisse. Neutralité chahutée. Le pays est très mal gouverné. À tous les échelons. Du trou de Tolochenaz aux retards de rénovation de la gare de Lausanne. Incompétence crasse. Arrangements mafieux. Copinages indignes. Et ce culte de l’opacité et du consensus mou qui ne résout rien. Le pays patauge. Dangereusement. Cette débâcle du CS est tellement dévastatrice pour l’image du pays qu’elle va forcer la Suisse à faire sa révolution. Il faut sanctionner les parlementaires et le sommet de l’état. Aux prochaines élections fédérales, un signal clair sera donné par le peuple de Suisse qui en a marre qu’on lui mente. La réputation de la Suisse outre-mer à été très gravement atteinte.”
- L’encensement de l’héroïne (KKS : la nouvelle Heidi ?) par 24 heures et la TDG qui osent pompeusement «Karin Keller-Sutter, you saved the world» (24 mars). Sensationnalisme, erreur tactique, travail d’un.e stagiaire ou levier futur ? Qui ne manquera pas de rappeler dorénavant à la nouvelle argentière du DFF (quelle est la responsabilité de l’ancien dans la débâcle du CS ?) de financer la transmutation du modèle suisse qui s’effrite ? comme la souligne le Financial Times dans son édition du weekend « A very Swiss identity crisis” et qui s’interroge “Is the Swiss model broken ?” (tiens tiens). Si même le FT s’y met….
Au delà d’une réputation gravement atteinte, d’une actualité anxiogène et chaotique, de crises à anticiper, de la votation de la loi climat du 18 juin … investir 100 CHF/an/habitant dans la prosilience, immédiatement.
Of course que le modèle suisse est cassé et qu’une révolution copernicienne prônée par Christian Petit, CEO de la Romande Energie peut contribuer à le réparer, ou le transformer. Of course que la prospérité de la Suisse est en danger comme l’écrit Marco Taddei, le responsable Suisse Romande de l’Union Patronale suisse; en cause : la pénurie de main-d’oeuvre. (La SEFA recrute). Of course que l’apprentissage et la formation professionnelle sont à revaloriser urgemment dans le canton de Vaud, le pays des forêts. Of course que chaque vote va compter le 18 juin prochain pour la loi climat. Mais la priorité est de rester LUCIDE car …
… dans un contexte géopolitique excessivement chaotique couplé à l’alarmant dernier rapport du GIEC, à la crise financière qui ne fait que débuter, à la récession économique à venir, aux bruits de bottes de plus en plus forts, à la compétition systémique et la perte de confiance entre population et autorités publiques, etc il devient impératif de changer notre prisme de lecture car …
… la préoccupation principale de la population suisse n’est pas la protection du climat (per se) mais les répercussions de sa dégradation sur sa QUALITE DE VIE, couplées à un SENTIMENT D’IMPUISSANCE face à d’autres enjeux hors de son contrôle et à un MANQUE D’APTITUDES à anticiper et à absorber les chocs.
Comme le disait Frank Zappa “Sans écart par rapport à la norme, il n'y a pas de progrès possible".
Finis de tergiverser, focalisons-nous sur ce que nous pouvons controller collectivement et osons. Que contrôlons nous ? notre capacité d’investir dans la cohésion de la société (l’un des 3 axes de la nouvelle législature vaudoise) afin d’être mieux préparer à affronter les détériorations, accélérations, conflits, confusions, pénuries ... mais aussi saisir les opportunités. L’initiative prosilience peut y contribuer.
La prosilience c’est la manière dont nous anticipons et nous nous préparons à affronter les défis et les crises futures, voire les éviter, afin d’en saisir les opportunités et construire un récit désirable. www.prosilience.ch c’est la plateforme pour repenser, anticiper et agir afin de contribuer à préserver (au mieux) notre qualité de vie; commune par commune, district par district, institution cantonale par institution cantonale, PME par PME, habitants par habitants.
Cette plateforme ambitionne d’être
Un « antidote aux poisons » que sont les peurs, les frustrations, le sentiment d’impuissance, le déni, etc
Un projet d’innovation sociétale propre à renforcer la « cohésion de la société », l'un des trois axes de la nouvelle législature vaudoise
Une solution pour « l’accompagnement au changement et gestion de crise » (décret 07/22 - Protection Civile Vaudoise)
Une solution pour le « Postulat inter-partis: Stratégie de résilience territoriale » déposé au sein de la municipalité de Lausanne en septembre 2022 … un postulat néanmoins rejeté le 9 mars en commission (par une seule voix contre) pour raison idéologique semble-t-il… (à suivre)
DE L’AUDACE VITE !
Investir 100 CHF/habitant/an pendant 10 ans dans la prosilience.
C’est un total de 8 milliards CHF jusqu’en 2032 au niveau national …
C’est seulement 3 % des 259 milliards de CHF (montant corrigé … après un oubli de 50 milliards d’“aide supplémentaires en liquidités” ) que la BNS va devoir injecter dans l’optique du rachat du Crédit Suisse par l’UBS, la banque dont le slogan était
“Nous n’aurons pas de répit”
La préservation (au mieux) de notre qualité de vie est probablement à ce prix.
Quant à la restauration de la réputation du pays comptons sur la créativité et la détermination de Présence Suisse. Time to wake up. Même le FT s’interroge. ;)