Maroc | L’Océan : enjeu mondial et solution planétaire - Rapport stratégique de l'Institut Royal des Etudes Stratégiques. (IRES)
La santé de l’océan se détériore. Mal connu des scientifiques, peu pris en compte par les politiques, négligé par une civilisation consumériste, l’océan planétaire souffre et nous avec. URGENCE !
L’océan joue un rôle fondamental dans l’habitabilité de notre planète. Il détermine les climats de la Terre et les phénomènes météorologiques, fournit l’eau nécessaire à la vie, procure l’oxygène et la nourriture, qui assurent le maintien de la vie en mer et sur terre et offre de nombreux services écosystémiques.
CREDIT
Un rapport stratégique collectif sous la direction de Tawfik MOULINE Directeur Général à l'IRES qui mentionne que “Il a fallu faire appel à une spécialiste des océans. 4 analystes de l'IRES ont consacré 6 mois chacun à la recherche des données et à élaboration des wikis. En plus de la coordination générale, ce rapport m'a pris un mois de travail à temps plein pour que le rapport soit conforme aux standards les plus élevés exigés par Sa Majesté Le Roi Mohammed VI”
Conçu conformément à la méta-méthode #prospective (Comprendre, Anticiper, Proposer), chère à Fabienne GOUX-BAUDIMENT, la principale auteure de ce rapport, il est élaboré selon la nouvelle grille de lecture du monde, adoptée par l’IRES, qui repose sur les cinq piliers :
(1) le recentrage sur l’humain,
(2) la reconsidération du rapport de l’Homme à la Nature
(3) la planétarisation,
(4) l’exponentialité,
(5) la gouvernance.NB : 18 mois de travail pour ce rapport intégrant océanologie et géopolitique, économie, approches culturelles et gouvernance, afin d'ouvrir de nouvelles pistes de solution en phase avec le nouveau modèle de développement X.0 qui est en train d'émerger.... Espérons qu’il contribuera à sensibiliser les parties prenantes et aidera les décideurs à orienter leurs stratégies. Jean-Eric AUBERT , denis lacroix , Isabelle Calvez, Nicolas MÉRON, Donatella Gobbi ...
Conclusion du Rapport stratégique 2022-2023. L’Océan : enjeu mondial et solution planétaire publié par l’Institut Royal des Etudes Stratégiques (IRES) du Maroc.
‘’Les modèles climatiques prévoient des changements importants dans l’état de l’océan au cours du siècle à venir : réchauffement (pratiquement certain) ; acidification des océans (pratiquement certaine) ; diminution de la stabilité des formes minérales de calcite (pratiquement certaine) ; perte d’oxygène (très probable); raréfaction des éléments nutritifs près de la surface (probable); diminution de la productivité primaire* nette (degré de confiance élevé) ; réduction de la production de poisson (probable) et perte de services écosystémiques clés (degré de confiance moyen) qui sont importants pour le bien‐être humain et le développement durable’’ (GIEC, Rapport Spécial sur l’Océan et la Cryosphère, chapitre 5, 2021)
En résumé, l’Anthropocène est directement à l’origine d’une modification climatique majeure et irréversible, de l’artificialisation de la majeure partie des terres émergées et plus particulièrement des littoraux ainsi que d’une dégradation accélérée de l’océanosphère qui, par ailleurs, est un contributeur essentiel à la vie sur Terre grâce à son oxygénation de l’atmosphère et sa régulation du climat.
Que ce soit à cause du changement climatique* ou d’autres raisons anthropiques directes, l’océan, court un grave danger : celui d’un déséquilibre tel qu’il ne pourrait plus assurer les fonctions écosystémiques qui maintiennent la vie sur Terre.
Parallèlement, pour faire évoluer notre civilisation matérielle aujourd’hui dans l’impasse, du fait de l’exponentialité de notre consommation, nous devons recourir à un développement plus soutenable, à la fois, pour l’océan dont nous devons absolument protéger les équilibres systémiques et pour l’humanité, qui doit continuer à respirer, à se nourrir, à se déplacer...
L’impulsion de la Décennie des sciences océaniques* (UNESCO) a relancé la mobilisation autour de l’Objectif de développement durable 14 ‘’Conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable’’ et ouvert la voie à une prise de conscience mondiale.
Mais, si de nombreux mouvements citoyens et initiatives locales se sont mis en marche, la grande industrie mondiale et les acteurs institutionnels demeurent clivés entre ceux qui s’investissent réellement dans la protection et l’exploitation durable de l’océan,
ceux qui se ‘’bleuissent’’ (blue-washing*) en adoptant le discours à la mode de protection des océans et
ceux qui persistent à ignorer le problème, en poursuivant des activités destructrices (surpêche, urbanisation littorale, destruction des écosystèmes, ...) et en allant jusqu’à accélérer l’industrialisation de l’océan.
L’année 2022 s’est avérée une année-charnière en matière de politique océanique mondiale :
De nombreuses voix se sont élevées (Etats, citoyens, parties prenantes) durant les différentes conférences internationales, qui se sont tenues, témoignant de l’émergence d’une volonté de faire changer les choses.
De multiples négociations multilatérales ont été menées, aussi bien sur le développement d’un instrument international juridiquement contraignant pour mettre fin à la pollution plastique que sur la réduction des subventions nuisibles à la pêche, sur un traité relatif à la biodiversité marine des zones au-delà de la juridiction nationale comme sur un cadre mondial pour la biodiversité pour l’après-2020... autant d’occasions de démontrer la volonté des nations d’inverser le déclin de la santé de l’océan.
Cependant, le rythme de la décision internationale et de sa mise en œuvre nationale, tout comme ses moyens de faire respecter les règles édictées, ne sont pas à la mesure de la gravité de la situation.
Climat, océan, biodiversité... les enjeux environnementaux ne sont plus compatibles avec les modes de développement du 20ème siècle : l’Anthropocène et l’économie de la prédation.
Il faut désormais un véritable renversement de notre conception du monde – replaçant l’être humain au cœur de la Nature et non plus au-dessus – et de notre modèle mondial de développement, au profit d’une nouvelle richesse créée par la protection, l’entretien et l’observation d’un environnement sain.
Sous l’impulsion de Sa Majesté Le Roi Mohammed VI, le Royaume du Maroc peut devenir un témoignage exemplaire d’un tel changement de perspective, en reconnaissant à l’océanosphère un statut de bien commun de l’humanité, en développant des solutions innovantes porteuses de valeur ajoutée et non destructrices et en animant une communauté d’intérêts océaniques capable de faire avancer le droit, la connaissance et les compétences en la matière.
Liminaire du Rapport stratégique 2022-2023. L’Océan : enjeu mondial et solution planétaire publié par l’Institut Royal des Etudes Stratégiques du Maroc.
L’océan a ainsi absorbé plus de 90% de la chaleur induite par l’émission des gaz à effet de serre et 30% des émissions de carbone d’origine anthropique.
Toutefois, le devenir de l’océan, patrimoine commun de l’humanité et moteur de la vie de notre planète, représente aujourd’hui un risque existentiel majeur pour la survie des êtres vivants, alors que, paradoxalement, nous avons plus que jamais besoin de ses services.
En effet, la santé de l’océan se détériore à une vitesse insoupçonnée. Mal connu des scientifiques, peu voire pas pris en compte par les politiques, négligé par une civilisation consumériste, qui n’a pas pris conscience de sa vulnérabilité, l’océan planétaire est en souffrance. Les multiples services écosystémiques océaniques et côtiers se dégradent, les littoraux commencent à voir leur trait de côte se modifier et l’eau monter, les ouragans s’intensifient et les phénomènes climatiques extrêmes se multiplient, le vivant marin s’asphyxie, les espèces toxiques prolifèrent et des zones entières de l’océan ne peuvent déjà plus abriter la vie.
D’où la nécessité de trouver des solutions robustes, efficientes et rapides à cette situation, dont l’aggravation est irréversible dans les années à venir.
Comment repenser la question de l’océan à l’aune des multiples pressions anthropiques et du réchauffement climatique en cours ?
Comment embrasser l’ampleur de ce sujet en termes sociaux, économiques, géopolitiques et de gouvernance ?
Autant de questions, qui pour être résolues, nécessitent d’abord une compréhension et une connaissance de l’océan, de son fonctionnement et des risques anthropiques et naturels responsables de son dérèglement.
Mais est-il encore temps d’agir ?
Oui, parce que l’enjeu est majeur et la capacité de récupération de l’océan est remarquable. La pandémie de la Covid-19 a montré que la Nature est capable de reprendre ses droits et que l’autoépuration de l’air et de l’eau a pu s’effectuer dès que les activités polluantes ont cessé durant la première période du grand confinement.
Car si l’océan est l’enjeu, il est aussi la solution : le seul moyen de ralentir le changement climatique pour donner à l’humanité le temps de transformer ses modes de vie et de développer une civilisation plus responsable envers la planète et envers les générations futures.
Le Maroc, pays maritime, est concerné à plus d’un titre par la problématique de l’océan
Il ne peut pas être en reste d’une mobilisation pour la sauvegarde de l’océan. Le Royaume se doit de maîtriser ces questions pour s’engager pleinement comme il l’a toujours fait. Depuis le Sommet de Rio en 1992, le Maroc n’a pas cessé d’œuvrer pour une politique de développement durable. Il a ainsi opté pour une stratégie en faveur de la coopération régionale et internationale.
En tant qu’Etat partie de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer qu’il a ratifiée le 31 mai 2007, le Royaume a, également, signé plusieurs conventions internationales pour la préservation du milieu marin et de la biodiversité et pour la lutte contre le réchauffement climatique et la pollution.