Suisse | La fin de (toutes) nos illusions est-elle proche ?
Les deux questions qui devraient valoir (1) la triple sécurité (énergétique, alimentaire et hydrique) et (2) la prosilience de la population dans un contexte de permacrises voire de guerre mondialisée
Rebonds suite à l’article de l’invité du jour, Mr Christophe Reymond Directeur du Centre Patronal, paru dans 24 Heures.
Par Christopher CORDEY, fondateur de futuratinow, un cabinet conseil en IDEAtion, anticipation stratégique et formation. Associé de Yonders. Co-auteur en 2014 avec Robert Salmon d’Heidi réveille-toi ! La Suisse est-elle tombée dans les pièges du succès ?
Oui, arrêtons de nous raconter des histoires, mais nuance au niveau des questions qui vaillent.
Les autres enjeux qui vaillent en plus de disposer de nouvelles capacités de production efficaces en matière d’électricité sont d’élargir la réflexion à la triple sécurité (énergétique, alimentaire et hydrique) et au concept de prosilience de la population dans un environnement de permacrises, voire d’une guerre mondialisée, dans lequel la Suisse devra continuer à fonctionner à l’avenir.
Souvent les catastrophes naturelles, surprises stratégiques, pandémies, etc sont des tests de résistance de la résilience d’une nation.
Elles en exposent les faiblesses systémiques et constituent un défi majeur pour tous les gouvernements, mettant en lumière l’impréparation collective, l’absence d’anticipation voire la naiveté systémique. COVID—19 n’était probablement qu’un amuse-bouches.
A cet égard un article autour du livre de François Heisbourg, Retour de la guerre et de Bertrand Badie, Les puissances mondialisées. Repenser la sécurité internationale pour mieux comprendre les enjeux de demain “Les guerres à venir”.
Prenons un peu de recul
Lorsque vous combinez
dépendances énergétiques ("La Suisse est totalement dépendante des importations de pétrole et de gaz", selon Guy Parmelin, l’Agefi 4.5.2022)
cybervulnérabilités probables de nos infrastructures critiques
fragilités économiques des entreprises électriques (Le Conseil fédéral examine un plan de sauvetage pour le secteur de l'électricité)
aux dénis et impréparations des entreprises suisses (Stéphane Genoud, HES-SO estime que les sociétés suisses n’ont pas pris conscience du problème)
à une probable future baisse de la production d’électricité en France suite à la corrosion d’une partie des 56 réacteurs nucléaires et à une probable baisse de production d’électricité en Allemagne (dont la Suisse dépend) si Putin coupe le robinet du gaz à l’Allemagne. (voir Article Agefi)
aux ignorances volontaires (?) de certains politiciens (Climat et politique: à Berne, des experts du Giec et des sièges vides)
aux crises alimentaires dans les pays émergents (Corne de l’Afrique) et en Asie du Sud Est “Deadly combination of conflict, misgovernance and climate change threatens widespread hunger” comme le souligne le Nikkei Asia
Etc
… il y a vraiment vraiment matière à réfléchir (et c’est un euphémisme) car notre hypothèse “What if 2023 ?” envisagée dès novembre 2021 et publique depuis le 13 avril 2022, à savoir des pénuries voire un blackout d’ici 2023, semble prendre corps.
Prenons acte du développement de plans et une hiérarchisation des priorités en cas d'urgence par les services de Mr Parmelin. Partons du principe que ces plans ne se limitent pas uniquement à la sécurisation de l’approvisionnement énergétique. Lire l’analyse de la situation par l’Approvisionnement économique du pays AEP. (11 mai)
Car au delà de la sécurité énergétique c’est de sécurité alimentaire et de sécurité hydrique (eau potable) dont il est question et ceci dans un contexte d’une escalade possible vers une guerre mondialisée faites, entre autres, d’effondrements sociaux et localisés.
Le philosophe Edgar Morin et le co-auteur du rapport du Meadows, Jørgen Randers, nous éclairent.
Et alors ?
Quid de la révision et de l’optimisation des mesures de préparation de la population aux risques de catastrophes naturelles, pénuries d’électricité et/ou blackout, voire de cette guerre mondialisée ?
Quid de l’encouragement à la sobriété énergétique (entre autre prônée par le GIEC) alors que le sujet du climat ne semble pas vraiment intéresser certains politiciens de droite ?
Quid du rôle des associations faitières et des partis politiques en matière de développement de la prosilience de la population suisse ?
Finalement quid de la fin de (toutes) nos illusions ?
A minima la remise en question de nos croyances en matière de Net Zero 2050 compte tenu de la multitude des enjeux actuels et futurs dont celui qui pèse sur la filière des ENR, mobilité verte, etc avec des pénuries probables en métaux stratégiques *** et celui du recours pour bien longtemps aux hydrocarbures avec toutes les répercussions que l’on connait ? (guerres des ressources, phénomènes météorologiques extrêmes, famine, etc. )
Pour conclure, je vous laisse relire la dernière phrase de l’article de l’invité du jour en illustration.
*** En matière des besoins en métaux stratégiques les chiffres sont impressionnants. Pour remplacer les hydrocarbures et atteindre la neutralité carbone en 2050, l’UE aura besoin à cette date de 35 fois plus de lithium qu’aujourd’hui (800 000 tonnes par an) et jusqu’à 26 fois plus de terres rares (3 000 tonnes annuelles de néodyme, dysprosium, praséodyme…). Il faudra deux fois plus de nickel et trois fois plus de cobalt.. Il faudra aussi 33% d’aluminium en plus (4,5 millions de tonnes annuelles), +35% de cuivre, + 45% de silicium, + 10 à 15% de zinc. Des matériaux tout simplement indispensables aux batteries des voitures électriques, aux rotors des éoliennes, aux panneaux solaires, aux réseaux électriques. Source : Transitions et Energies.